Poisons

« En son for intérieur, il est toujours un asocial, un réfractaire, un en-dehors, un en-marge, un à-côté, un inadapté.
Et pour obligé qu’il soit de vivre dans une société dont la constitution répugne à son tempérament,
c’est en étranger qu’il y campe. » E. Armand, Petit Manuel Anarchiste Individualiste

Il y a des gens qui prennent plaisir à parler de politique. Moi je préfère penser à autre chose, mais les affaires du monde s’imposent dans mon quotidien sans me demander mon avis. Leur présence m’oblige à interrompre mes lectures, à délaisser les sujets qui me tiennent à cœur, pour traiter des questions que j’aimerais mieux ne pas me poser, parce que je sais très bien que les réponses que je vais y apporter ne pèseront pas lourd.

Je préfère vous prévenir, ces réponses risquent fort de vous déplaire. Les racines ont un goût de terre auquel les palais ne se sont jamais habitués, et c’est avec elles que je concocte mes diatribes, sans me soucier de savoir si je ne risque pas d’écœurer les braves gens. Je vous l’ai déjà dit, je préférerais m’occuper d’autre chose, mais puisque je n’arrive pas à chasser ces considérations, je donnerai libre cours à ma haine. Je n’ai pas l’intention de me justifier : j’écris pour tuer, je plaide coupable !

Si vous pensez qu’avec ma violence verbale je cherche maladroitement à amorcer un dialogue, détrompez-vous ! Je suis profondément réfractaire au débat. La cacophonie des joutes verbales et la grossièreté des empoignades virtuelles me répugnent. Je ne vois pas pourquoi je perdrais mon temps dans les arènes publiques à offrir des réponses à tout les abrutis qui en réclament. De toute façon, ça ne leur conviendra jamais ! Les chiens ne cessent pas d’aboyer devant des raisons ! En se soumettant à l’injonction démocratique du débat, l’individu se condamne à disparaître sous les objections oiseuses d’une foule d’imbéciles bruyants. C’est donc autant pour satisfaire une disposition personnelle qu’afin de ne pas gaspiller mon énergie dans de vaines querelles que je me dérobe à ces rituels. Ça me laisse du temps pour distiller mes poisons.

Nilitch

Si vous n'êtes pas une jeune admiratrice, vous perdez probablement votre temps.

nilitch@protonmail.com

Il ne me semble pas nécessaire d'avoir le ventre vide pour écrire des poèmes.

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