Ce Sommeil
Le café, ce fidèle compagnon
Qu’on n’aime jamais la première fois,
Ne m’est d’aucun secours
Face à ce sommeil-là,
Car c’est un sommeil de l’esprit
Que les paupières imitent,
Car c’est un sommeil de la pensée
Que le corps prolonge.
Dans ces conditions,
Le café ne procure aucun plaisir.
En le buvant, je fais seulement passer
Un liquide noir au travers d’un tuyau.
Je ne me vide pas non plus,
Le ballon d’eau tiède sur la tête,
Car c’est un sommeil de plomb,
Sur lequel les gouttes ruissellent en vain ;
À quoi bon chasser une odeur qui n’importune personne,
Plus rien n’a d’odeur et c’est sans importance,
Tout m’indiffère.
Il n’est plus question de faire les choses bien,
À vrai dire, il n’est même plus question de faire les choses,
Il n’est même plus question de trouver des excuses pour ne pas faire les choses.
Chez les larves, même la honte s’efface.
Tout ce qui trahissait l’humain a disparu,
Je suis une chose molle et tiède qui ne désire rien,
Lasse de la vie tout entière,
Qui du bureau au lit, et du lit au bureau
Quitte le sommeil pour le sommeil,
Car ce sommeil et la mort sont des jumeaux véritables,
Dont l’étreinte jamais ne se desserre,
Et dans les griffes desquels on ne trouve aucun repos.