Usines

Beaucoup les disent mortes
Ou bien sur le départ,
Voyant que l'on transporte,
Au-delà des remparts,

Nombre de ces bruyantes
Croqueuses de métal
Dont les mains prévoyantes
Nourrissent nos étals,

Mais il en reste assez
Pour joindre les deux pôles
De laideurs entassées,
De cylindres de tôle,

Pour que chaque sujet
Puisse avoir sa voiture,
Et sa tonne d’objets
De mauvaise facture.

Nul besoin de sortir,
D’essayer de s’y rendre
Pour les voir, les sentir,
Les toucher, les entendre.

C’est au milieu des signes
De leurs machinations,
Sous le joug des consignes
De leurs émanations

Que l’esprit de l’époque
S’avance à découvert,
Bardé de ces breloques,
Qu’il faut prendre à l’envers

Pour voir dans le confort
Les gestes répétés,
La trace de l’effort,
Les regards hébétés.

Le coût d’os et de chair
Derrière un prix de vente,
Toujours un peu trop cher,
Quoi que la pub invente

Afin de diriger
Les masses du désir
Au rayon sans danger
Des plus fades plaisirs,

Où comme mille phares
Les nouveautés scintillent,
Où les airs de fanfares
Vantent des pacotilles,

Faites pour se briser
Le plus vite possible,
Juste de quoi griser
L’homme devenu cible

Qui croit s’émanciper
En choisissant des sapes,
Et, sans cesse dupé,
Au fond jamais n’échappe

Aux lois de ces usines
Qui, délocalisées,
Resteront les voisines
Des lobotomisés.

Nilitch

Si vous n'êtes pas une jeune admiratrice, vous perdez probablement votre temps.

nilitch@protonmail.com

Il ne me semble pas nécessaire d'avoir le ventre vide pour écrire des poèmes.

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